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السبت، 13 فبراير 2010

Apports de l’Algérie à l’architecture islamique : “La spécificité algérienne”

Introduction : Avant d’entamer l’allocution, il conviendrait ici de se poser cette question : « Peut-on parler d’un art islamique, alors que la civilisation née de l’islam s’étend sur quatorze siècles et sur un espace qui va de l’Atlantique au Pacifique, du Maroc jusqu’à l’Indonésie, et que cette civilisation a poussé des ramifications un peu partout dans le monde, aussi bien en Chine qu’au Brésil ? » [1]
Cette terminologie abusivement unificatrice vient non seulement de l’européocentrisme, des premiers critiques et historiens de l’art islamique mais aussi du fait que l’islam n’a jamais vraiment séparé monde spirituel et monde temporel ; dès sa genèse, il s’imposa comme religion triomphante, dans la cité comme dans les âmes. Cela explique que la notion d’« art islamique » n’est pas réservée aux seules expressions artistiques liées à la religion – comme l’architecture des mosquées et leur mobilier ou encore les objets de dévotion privée –, mais qu’elle couvre l’ensemble des créations émanant du monde musulman : palais, caravansérails, ponts ou objets décoratifs, comme des lustres ou de la vaisselle.
Apports de l’Algérie en fonction des éléments constitutifs de l’architecture islamique :
1. Plans
Les nombreuses mosquées qui ont été construites en Algérie à des moments différents de son histoire, présentent des plans d’une grande diversité. Leurs salles de prières carrés, rectangulaires ou de formes irrégulières ont des nefs perpendiculaires au mur du mihrab, parallèles au mur du mihrab ou les deux, c’est-à-dire parallèles et perpendiculaires à la paroi du mihrab.
Certaines de ces mosquées, construites durant la période ottomane ont été marquées par leur grande coupole centrale. Leurs patios, généralement organisés dans l’axe du mihrab, sont carrées, rectangulaires ou de forme irrégulière. Les cours des grandes mosquées Almoravides de Nedroma, Tlemcen et Alger dont les galeries latérales disposent de trois nefs sont uniques dans le monde musulman.
2. Piliers et colonnes
Algérie se distingue également des autres pays musulmans par la richesse des organes de support de leurs mosquées. Nous pouvons trouver des mosquées avec piliers, des mosquées à colonnes et des mosquées où piliers et colonnes sont associés d’une manière harmonieuse.
Les architectes algériens ont utilisé des piliers carrés, en forme de T, de forme octogonale, ainsi que des colonnes. Celles-ci ont été utilisées soit isolément, soit groupées par deux, trois ou quatre. Aussi, Algérie est l’un des rares pays musulmans où des troncs de palmiers ont été utilisées comme colonnes dans une mosquée. La mosquée historique de Sidi Oqba (près de Biskra) en dispose jusqu’à nos jours.
Les fûts de colonnes sont d’une grande diversité, car à côté de fûts cylindriques, nous pouvons trouver des fûts profilés, tronconiques, pentagonales, torsadés, à base octogonale et partie supérieure cannelée et des fûts d’une extrême originalité comme ceux qui ornent le mihrab de la mosquée de la pêcherie d’Alger (El Djami El-Jadíd) et la façade de la mosquée de Ketchâwa (toutes les deux d’époque turque).
Certaines bases de colonnes se composent uniquement d’éléments circulaires. D’autres se composent d’un socle carré surmonté d’éléments de forme circulaire ou octogonale. Certains ne comprennent que de éléments octogonaux.
3. Les Chapiteaux
Si les chapiteaux à une ou deux rangées d’acanthe de la mosquée de Sidi Bou Merouan (Annaba), les chapiteaux à volutes latérales caractérisant la Qalaa des Beni Hammad et la grande mosquée de Constantine et les chapiteaux de type composé de la Grande Mosquée de Tlemcen imitent les chapiteaux de l’Antiquité, nous assistons, avec l’avènement des almohades à la naissance du chapiteau spécifiquement musulman comme ceux qui ornent les mosquées de Sidi Bel Hassan, de Sidi Mansour, et de Sidi El Halwi, qui présentent tous une partie supérieure en forme de parallélépipède dont la décoration est organisé autour d’une moulure (ou une palmette), et une partie inférieure décorée avec un méandre.
Les chapiteaux qui décorent les mihrabs des deux mosquées de Sidi Bou Medien et de Sidi El Halwi ont conservé les disques d’angle et le quart de cercle des chapiteaux dits de type composé, mais ont été enrichis d’une décoration de bonne facture où cohabitent d’une manière harmonieuse sont la flore, la géométrie et l’épigraphie. En outre, leur partie basse, cylindrique, est ornée d’un méandre.
Sans égaler les précédents, les chapiteaux de l’époque turque offrent cependant un grand intérêt. Nous pouvons trouver des chapiteaux à volutes latérales de type hammadite souvent ornés avec des feuilles à trois lobes, des croissants, ou d’une couronne de feuilles d’acanthe parfois surmontée de cannelures, des chapiteaux bulbeux comme ceux qui décorent la mosquée de Ketchawa, le portique extérieur de la grande mosquée d’Alger ou la Dekka de la mosquée de Sidi Lakhdar à Constantine.
4. Les Arcs
Dans le domaine des arcs, la contribution de l’Algérie n’a pas été négligeable. Les mosquées nous fournissent une riche collection d’arcs : des arcs en plein cintre, surbaissés (tracé en anse de panier à 3 centres), arc en fer à cheval ou outrepassé, arcs en ogive ou iraniens, recti-curvilignes, à festons, polylobés et à lambrequin.
Les éléments intermédiaires entre les chapiteaux et les arcs les plus remarquables sont le motif serpentiforme qui donne à l’arc polylobé une silhouette tellement élégante, les moulures à décoration épigraphique de la mosquée de Sidi Bel Hassan et les étriers qui couronnent les chapiteaux du mihrab de la mosquée Sidi Bou Mediène, qui sont de remarquables chefs d’oeuvres de l’art de la sculpture sur marbre.
5. Les Mihrabs
Nous trouvons en Algérie des niches de mihrab présentant des formes curvilignes ou polygonales.
Les premières sont couronnées d’une voûte décorée avec une sorte de coque décorée avec des cannelures, avec des entrelacs ou des planches qui rayonnent depuis la base. En haut, on trouve une corniche ornée généralement d’une inscription, une frise florale ou une cannelure une moulure torsadée. La partie basse est décorée avec des arcs, de la faïence, des briques émaillées ou avec des moulures épigraphiques.
Quant aux secondes, l’Algérie a assisté à la naissance, dans la grande mosquée de Tlemcen, du premier mihrab à niche hexagonale qui servira de modèle pour les Almohades et leurs successeurs. Ce pays a également le privilège de posséder une riche collection de coupole de mihrab : coupoles à huit faces, coupole à nervures utilisé pour la première fois dans l’art musulman dans la grande mosquée à Tlemcen, coupoles à stalactites sur plan hexagonale ou octogonale qui présentent l’originalité d’être entourées par une corniche meublée d’une décoration épigraphique.
Les panneaux rectangulaires qui sont placés au dessus des coupoles sont souvent décorés avec beaucoup de délicatesse. Les plus beaux, sans doute, sont ceux du mihrab de la mosquée de Sidi Bel Hassan où les éléments architectoniques, floraux et épigraphiques se superposent en parfaite harmonie.
La décoration du cadre du mihrab en Algérie est organisée autour d’un arc d’ouverture qui présente plusieurs variantes. Le voussoir qui entoure cet arc est situé entre deux arcs concentriques ou excentriques et se compose d’un ou de plusieurs bordures d’une infinie variété : dentelées, arc en forme de coquille, arcs entrelacés, des moulures , décoration géométrique, florale ou épigraphique.
Les écoinçons placés entre le voussoir et le cadre du mihrab rectangulaire présente souvent une décoration intéressante par sa finesse, notamment dans la Grande Mosquée de Tlemcen et dans la mosquée de Sidi Bel Hassan.
Les bordures rectangulaires ne sont pas sans un certain attrait. A coté des bordures où se déroulent des inscriptions cursives, des bordures occupés par de majestueuses inscriptions coufiques, nous trouvons des frises décorées avec des motifs géométriques, floraux, architectoniques ou avec de la faïence.
La partie supérieure du cadre du mihrab présente la forme d’un arc surbaissé dans trois mosquées constantinoises et d’un rectangle, dans toutes les autres mosquées d’Algérie. Ici aussi, l’infinie adresse des artisans algériens est prouvée, ceux qui ont sculpté le tympan du mihrab de la mosquée de Sidi El Kettaní, la frise d’acanthe et les arcs trilobés de la grande mosquée de Tlemcen et les fenêtres du mihrab de la mosquée Sidi Bel Hassan qui font l’objet d’admiration de tous les visiteurs.
La partie inférieure du mihrab n’est décorée que dans trois mosquées de Tlemcen. Des panneaux placés à gauche et à droite du mihrab le décorent et dénotent le degré de perfection auquel sont arrivés les sculpteurs de plâtre de Tlemcen.
6. Coupoles
Si les coupoles qui ornaient jadis la mosquée de Sidi Bou Merouane (Annaba) ont disparu, celle de Tlemcen, en revanche, subsiste toujours. Elle est la première coupole ajourée à nervures dans le monde islamique. Cette coupole est aussi célèbre pour sa lanterne ornée de stalactites et de l’inscription cursive qui se déroule à sa base, le premier exemple de l’utilisation de caractères cursifs dans la décoration des mosquées.
Nous avons aussi la coupole à décoration florale de la mosquée de Sidi Bou Medien, la majestueuse coupole de la mosquée de la Pêcherie (El Djamaa El Djadid, Alger), la plus grande coupole d’Algérie ainsi que les coupoles de la mosquée de Ali Bitchnin et de la mosquée du Pacha à Oran qui évoquent les mosquées d’Istanbul.
La zone de transition entre le tambour de base et la coupole de base est décoré avec des éléments architectoniques extrêmement variés.
Les plafonds des mosquées algériennes sont en bois ou en plâtre. Tous témoignent de l’extrême agilité des artistes qui les ont sculpté.
7. Les Minarets
L’Algérie a le rare privilège de posséder, à la fois des minarets carrés, prismatique et cylindrique.
Les premiers sont les plus nombreux. À l’exception du minaret de Mansoura qui a une rampe articulée autour d’un noyau central vidé, les minarets ont des escaliers qui s’articulent autour d’un noyau central plein.
Ils se présentent tous sous la forme d’une tour surmontée d’un lanternon. En ce qui concerne la décoration de la tour principale, certains sont décorés d’un grand tableau avec un réseau distribué en losange dont la composition varie d’un minaret à l’autre et parfois d’un côté à l’autre. Le réseau distribué en losange est souvent surplombé d’un panneau rectangulaire décoré quant à lui par des arcs de diverses formes. En bas du réseau losangé, on peut trouver un ou deux panneaux rectangulaires. Le minaret de Mansoura est le seul minaret du monde musulman où la décoration de la tour principale du minaret s’associe harmonieusement avec porte. Celui-ci est sans doute le plus majestueux minaret algérien.
Parmi les plus remarquables minarets qui n’ont pas été décorées avec un réseau distribué en losange, nous trouvons ceux de la Qalaa de Ben Hammád et du Mechouar (Tlemcen).
Le premier est, probablement, le plus ancien minaret du Maghreb à forme parallélépipédique, à deux tours. Il présente l’originalité d’avoir la décoration de ses parois répartis selon trois registres verticaux.
Les principaux minarets à base octogonale sont La mosquée Çafir, Sidi Lakhdar et la mosquée du Pacha à Oran. En ce qui concerne le minaret cylindrique, que l’on retrouve uniquement dans les mosquées de Çalah Bey (Annaba) et Sidi-El Kettaní (Constantine).
Ainsi, pour les innovations qu’elle a apportées aux plans, aux organes de support, le mihrab, les coupoles, les plafonds et les minarets, l’Algérie a démontré que, tout en s’inspirant des monuments de l’Orient, d’Espagne et des autres pays du Maghreb, elle a largement contribué à l’enrichissement de l’architecture religieuse arabo musulmane. [2]

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